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L’analyse de l’activité d’une entreprise au travers du compte de résultat suffit elle au banquier pour apprécier objectivement son risque ?

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Message par François Jeu 19 Mar - 10:54

Intro :
L’analyse de l’activité d’une entreprise fait parti des missions confiées à un chargé d’affaires (communément nommé « banquier ») en relation avec ce type de clientèle.
L’objectif et la responsabilité du banquier, dans ce cadre là, est de bien connaitre son client, de manière à apprécier objectivement (c'est-à-dire en prenant un maximum de recul sur la relation professionnelle, et sans influence extérieure) la dynamique de l’affaire et sa pérennité.
La gestion du risque va donc imposer au banquier de se poser différentes questions: L'entreprise est elle solide? Son activité est elle rentable? L'entreprise aura t elle la capacité à rembourser ses prêts? Ainsi, son analyse, selon différentes approches, lui permettra d’appréhender au mieux, et d’anticiper au maximum l’ensemble des risques auxquelles l’entreprise puisse être confrontée.
Cependant, peut-on considérer que la seule l’analyse du compte de résultat puisse être suffisante pour apprécier objectivement le risque ? Pouvons-nous être capables de juger exactement et globalement le risque engagé sur un dossier client en se limitant exclusivement à l’examen de son activité et de sa rentabilité ? Il semble évident que cela soit insuffisant. Se contenter de cette seule approche aura une seule conséquence : prendre le risque de passer à côté d’informations importantes, pouvant mettre en lumière des points de fragilité, pouvant être la cause de défaillances futures.
Une entreprise est confrontée à une multitude de risques pouvant être aussi bien internes qu’externes, liés à son exploitation directe ou non, ou encore des risques pouvant être aussi bien humains que financiers,… Les sources de défaillances sont multiples et les risques présents à tous niveaux.
C’est pour cela nous allons voir ensemble en quoi l’analyse de l’environnement économique et financier d’une entreprise est une étape incontournable pour une étude globale, et nécessite un travail allant bien au-delà du compte de résultat, pour pouvoir apprécier objectivement le niveau de risque engagé.
Pour cela, nous allons aborder dans un premier temps le déroulement de l’étude de l’environnement économique d’une entreprise, et son intérêt dans l’analyse du risque, puis dans un second temps, nous décrirons les différentes étapes de l’analyse financière à travers l’étude des documents comptables, dont le compte de résultat, mais pas que…

1ère partie : L’analyse de l’environnement économique d’une entreprise

Tout d’abord, avant de se plonger dans les chiffres, il sera nécessaire de prendre une certaine hauteur sur l’entreprise de manière à obtenir un point de vue global sur son environnement, son organisation et son fonctionnement.

a) Définir l’identité du client :
• L’historique (création, reprise, entreprise familiale)
• La forme juridique (société, EI)
• L’évolution et le contrôle du capital
• L’implantation géographique
• L’organisation
• Le principal animateur : le dirigeant. Son profil, âge, régime matrimonial, problématique de succession en cas de décès, son patrimoine personnel



b. L’analyse de l’activité :
• Les produits : caractéristiques, répartition de l’activité, position du produit sur le marché
• Positionnement de l’entreprise dans sa filière: notoriété, niveau de qualité
• Marché : état du marché (en croissance, stagnant, en baisse)
• Niveau et pression de la concurrence: nombreuse, faible,...
• Clients : types de clients et nombre pour la répartition du risque, délai et mode de paiements, qualité des clients
• Fournisseurs : division du risque, délais de paiement accordé, qualité, sous-traitance

c. Les moyens mis en œuvre :
• Les moyens d’exploitation : propriétaire/locataire, état du matériel, des immo, assurances nécessaires
• Les moyens humains : nombre des effectifs et leur évolution, qualification, climat social
• Les moyens financiers : étude du fonctionnement du compte, les relations bancaires (multi bancarisée?), les concours existants, sollicités (leur nature, leurs intérêts, leur retombées,...), les garanties en place ou à prendre

d. La stratégie du dirigeant : sa politique, ses projets, sa stratégie


Cette approche va permettre de fonder une première analyse de l'entreprise à travers son environnement et selon la conjoncture actuelle, grâce à un diagnostic interne et externe, qui nous permettra de mettre en évidence des points de fragilités, des zones sensibles, pouvant générer du risque. De nombreux paramètres et outils sont ici utilisés (Kbis, fiches INSEE, fiches métiers internes, bilan comptable, interrogations FIBEN,...) pour faire un état du risque économique, nécessaire à l'appréciation globale et objective du risque du banquier.

2ème partie : L’analyse financière de l'entreprise:

a) L’analyse de l’activité et de la rentabilité :
Ici intervient l’analyse du compte de résultat de manière à comprendre le déroulement de l'activité sur le dernier exercice, en comparaison avec les exercices antérieurs. Il permet de savoir ce que l'entreprise à gagné ou perdu et dans quelles conditions.
On retrouve dans ce document la rentabilité dégagée par l'activité avec une ventilation des chiffres selon différents niveau d'analyse: l'exploitation, la partie financière, la partie impôt et l'exceptionnel.
En tant qu'établissement bancaire, nous utilisons un autre outil d'analyse, issu du retraitement du compte de résultat: les Soldes Intermédiaires de Gestion. Ils ont pour but de mettre en évidence de grandes valeurs significatives, de donner une vision de la performance de la gestion et de la formation du résultat. L'intérêt est de comparer ces résultats sur plusieurs années pour pouvoir constater leur évolution, d'analyser la décomposition et l'origine de la rentabilité de l'affaire, en s'intéressant particulièrement à la rentabilité de l'exploitation.
Le chiffre d'affaires est le point de départ de l'analyse, mais il faut savoir comment il est constitué (développement des volumes ou de la marge?) et s'il résulte de la mise en œuvre des moyens de l'entreprise (capacité de production et personnel). Il est essentiel de savoir ce que l'entreprise dégage comme premier niveau de résultat en dehors de toute politique d'investissement ou de provisionnement de dépréciations, et de constater ensuite les différents niveaux de résultat (d'exploitation, courant, et exceptionnel). Pour ensuite se poser la question suivante: que reste-il au final à l'entreprise comme revenus? C'est la notion de Capacité d'autofinancement qui en découle. La CAF est un résultat analysé de près par les banque car ce résultat doit être suffisant pour permettre à l'entreprise de couvrir ses risques (les dotations aux amortissements et provisions), de financer ses investissements, de rémunérer ses associés (dividendes), de renforcer sa structure (par une conservation de ses résultats) et enfin, rôle essentiel: c'est sur elle que comptent les prêteurs pour se faire rembourser les crédits.

b) L’analyse de la structure financière : grâce à un document comptable: le bilan
Le bilan est la photographie de la situation de l'entreprise à une date donnée en fin d'exercice.
Il traduit en unités monétaires ce que l'entreprise possède (l'actif) c'est à dire ses moyens de production, ses biens, et ses créances sur les tiers, et ce qu'elle doit (le passif) c'est à dire l'ensemble des ressources dont elle dispose.
Ici encore, pour passer d'une logique comptable à une logique plus économique et financière, les établissements bancaires élaborent un retraitement du bilan par une présentations des chiffres en masses: c'est ce qu'on appelle le bilan en grandes masses. Cet outil va permettre au banquier de faciliter son analyse des risques.
Par exemple, il sera possible de constater grâce à ce document si le fond de roulement assure à l'entreprise les ressources nécessaires et suffisantes pour faire face à ses besoins de financements nés du cycle d'exploitation (le BFR). Si le FDR est suffisamment important pour assurer une marge de sécurité à l'entreprise qui lui permettrait de faire face à des problèmes tels que la défaillance d'un client important, la réduction d'un crédit accordé jusqu'alors par un fournisseur, ou encore faire face à des pertes.
Le banquier sera particulièrement vigilent dans le cas où le FDR soit insuffisant pour financer les BFR: la trésorerie nette sera alors négative et l'entreprise devra nécessairement avoir recours à la banque pour obtenir des crédits bancaires de fonctionnement, de trésorerie (découvert, escompte, dailly,...)
D'ou une analyse rigoureuse du banquier sur les composantes du BFR de manière à mesurer le risque pris en cas de financements court terme: que finançons nous? Les niveaux de stocks sont ils justifiés, correctement valorisés? Le niveau des créances clients est il cohérent? N'intègre t il pas des risques d'impayés?
Autant de questions nécessaires à l'analyse de l'activité d'une entreprise par un banquier pour lui permettre de mesurer le risque engagé.

c) Autres documents et outils permettant l'analyse du risque:

> Les ratios: l'élaboration du bilan en grandes masses et des soldes intermédiaires de gestion ont pour objectif d'amener les documents comptables vers une logique plus économique et financière. En s'appuyant sur ces retraitements, les banques vont utiliser différents ratios pour compléter leur analyse, en comparant certains résultats entre eux, et leur évolution.

Il existe différentes catégories de ratios:
• les ratios de structure: ratio de solvabilité, ratio de liquidité, capacité d'endettement, capacité de remboursement des dettes structurelles
• les rations de liquidité: ratio de fond de roulement, ratio du BFR
• les ratios des composantes du BFR: délai moyen de rotation des stocks, délai moyen des créances clients, délai moyen des crédits fournisseurs
• le ratio de trésorerie nette
• les ratios de rentabilité: le taux de marque, le taux de valeur ajoutée, le poids des charges financières, la rentabilité finale, la rentabilité économique, la rentabilité financière

Par exemple, pour illustrer leur utilité dans l'analyse risque du banquier:
si le BFR d'un entreprise double d'une année sur l'autre: il sera nécessaire de comparer cette variation à celle du chiffre d'affaires sur cette même période. Si le CA est resté stable, il sera nécessaire de rechercher les causes de cette progression inquiétante. Si le CA a également doublé, cette augmentation du BFR peut s'analyser comme une évolution normale.

> L'annexe aux états financiers: l'annexe est un document de synthèse qui fournit des explications complémentaires pour une meilleure compréhension du bilan et du compte de résultat: ces informations sont alors nécessaires pour pouvoir élaborer une analyse correcte et poussée de l'activité.
Exemples d'informations:
- précisions et indications les provisions
- l'état des amortissements et les pertes de valeur
- précisions sur les crédits baux
- échéances des créances et des dettes
- ventilation du chiffre d'affaire par catégories d'activité, par marchés géographiques
- perte de valeur de stock
- règlement de litiges,...

Cette seconde approche vient donc compléter nécessairement la première, par une analyse chiffrée, appuyée sur des documents officiels, publiés obligatoirement par les entreprises. Ces documents peuvent être également complétés par des situations comptables périodiques, élaborées par le comptable, ou par la communication de tableau de bord ou balance âgée tenue par l'entreprise.
Ainsi, l'analyse de la qualité de la structure financière d'une entreprise est une étape incontournable dans l'analyse risque du banquier pour pouvoir juger objectivement d'une affaire: elle s'élabore bel et bien au travers du compte de résultat, mais bien au delà, comme nous venons de le voir.


Conclusion :
Ainsi, pris isolément, l'analyse seule du compte de résultat trouvera vite ses limites: il ne nous dira pas si les produits vendus sont de qualité, si le personnel est bien formé, si l'encadrement est compétent. Il ne nous renseigne pas non plus sur la situation de l'entreprise par rapport à son marché.
Il sera donc nécessaire, pour appréhender objectivement le risque engagé face à une entreprise, d'étendre l'analyse financière à d'autres documents comptables et financiers, mais préalablement, d'effectuer en liaison l'analyse économique de l'entreprise, pour répondre à un souci de rigueur et de justesse dans la démarche du banquier.

Cependant pour compléter son étude, et amener une part de ressenti dans son analyse, il sera primordial de se déplacer chez le client, dans l'entreprise, de manière à mettre en cohérence (ou non) les conclusions tirées de l'analyse économique et financière effectuées sur le papier. La constatation de l'état de l'entreprise, de l'organisation, de l'aménagement des locaux et de leur vétusté, mais aussi des échanges avec les salariés et le dirigeant sur place sont des démarches incontournables pour compléter l'analyse objective, et ainsi mesurer réellement et globalement le risque engagé par la banque.

François
Invité


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